Ce soir, tout s’était effondré…c’était la fin !
Le bébé était mort !
Il se passa la main sur les yeux en revivant la soirée. Les mâchoires serrées, il tentait de refouler ses larmes.
Quand la nouvelle était tombée, ils s’étaient tous regroupés, l’équipe au grand complet.
Un profond silence avait envahi la salle : tous étaient hébétés, n’osant y croire…
Puis, déchirés par la souffrance, au plus profond d’eux-mêmes, découragés d’avoir tout tenté, pour finalement baisser les bras, les hommes comme les femmes donnèrent libre cours aux larmes et à l’amertume, vaincus devant cette fin inéluctable…
Ils étaient tous effondrés.
Lui, malgré la douleur, avait dû se montrer fort, donner l’exemple, comme d’habitude, promettre des jours meilleurs, promettre qu’avec le temps, tout s’arrangerait…
Des promesses, encore des promesses comme celles qu’il n’avait pas su tenir à Clara…
Clara qui n’allait peut-être pas se relever de tant de chagrin…qui allait peut-être mourir par sa faute à lui.
Clara qui allait le haïr pour tous ses mensonges et qui ne lui ferait jamais plus confiance.
Clara qui allait hurler sa douleur…
Ça, il ne pourrait pas le supporter…il n’en avait pas la force…
Tout était de sa faute à lui. Il était un incapable et il ne méritait pas l’amour de Clara.
Il finit par laisser couler ses larmes, anéanti par ce qui l’attendait, impuissant devant un tel échec à avouer à la femme qu’il aimait par-dessus tout.
La ménager…choisir les mots qui feront le moins mal…
Comment lui annoncer la mort de ce qu’elle avait de plus précieux et de ce qui la faisait avancer dans la vie ?
Comment lui annoncer la mort de sa petite entreprise ?
La petite entreprise de services aux particuliers qui comptait une vingtaine d’employés motivés et qui n’avait pas su survivre à la concurrence malgré tous les efforts déployés…
Son entreprise qu’elle avait mise au monde avec tant de fierté et choyée comme un bébé, pendant des années, à défaut d’un vrai bébé que la nature lui avait refusé.
Cette petite lumière qu’elle apercevait au bout du long tunnel et qui la maintenait en vie…
Cette petite lumière qui la poussait à se battre et qui venait de s’éteindre…
Il n’était qu’un minable !
Il se servit un whisky, puis deux... et alluma la télé.
Anéanti, il s’endormit sur une chanson de Bashung.
FIN
Les dessins qui ont illustré cette nouvelle sont d'un jeune créateur plein de talent, découvert sur le net.
J'espère que ce récit vous aura plu...