Mon pays s’appelle «Vertiges».
C’est le pays des mots, des lettres et des alphabets.
Dès que l’on foule le sol de mon pays, on est ensorcelé par les sons, sonorités, sonnets, consonances qui s’envolent en consonnes et voyelles sur les ailes des oiseaux.
On s’enivre de mots jusqu’à en avoir le vertige !
Le fleuve de mon pays roule des flots de mots.
Les poissons sont des virgules qui s’apostrophent avec l’accent d’ici.
Les routes de mon pays sont des parchemins qui serpentent à l’infini.
Les feuilles des arbres sont autant de poèmes griffonnés au nez du vent.
Les bonjours sont des vers emplis d’un divin nectar, butiné au cœur de fleurs, aux tiges de plumes, par des abeilles mutines.
A l’entrée de mon pays, on dépose ses contrariétés au « gardien des soucis » qui vous les rend à la sortie.
On accroche ses larmes à l’encre du ciel, pour qu’elles brillent de joie parmi les étoiles.
Des petits bonheurs fleurissent au détour des chemins et l’on prend le temps de les cueillir avant qu’ils ne fanent.
Les clochers des églises suspendent les heures du temps,
le temps qui passe et se prélasse.
Des pluies de notes de musique descendent des nuages.
On danse des farandoles, on rit de fariboles : les enfants ont les joues rouges !
Les mots sont de la fête et explosent en feu d’artifice.
Il y a les mots-sucre d’orge qui coulent dans nos gorges.
Il y a les mots-bulles qui éclatent en plein ciel.
Il y a les mots-confettis qui s’envolent en couleurs.
Et les mots-perles qui s’enfilent en colliers pour s’offrir en parures.
Dans mon pays, la vie est un livre de contes dont les pages sont tournées par la fée des songes qui en détient les clés…
C’est l’anglais Thomas More qui, en 1516, pour la première fois employa le mot « utopie » pour qualifier son île imaginaire. Sous sa plume, ce terme désignait un monde idéal, imaginaire qui devait tendre vers une vie meilleure.
Platon aussi construisit un modèle de cité idéale dans la République, mais il ne fut pas le seul ! Rabelais avec Gargantua et Pantagruel, Montesquieu dans ses Lettres Persanes, Marivaux, Voltaire et son Candide, Diderot, Rousseau, Swift, et plus près de nous, Bradbury, Huxley, Orwell…TOUS ont évoqué les grandes questions sociales, politiques, religieuses, morale pour bâtir une contrée idéale.
Paix, bonheur, respect, égalité, idéal, rêve, bonheurs simples au creux de la nature, gouvernement démocratique parfait…tels sont les caractéristiques de l’utopie.
Tout le monde rêve d’un pays utopique et notre imaginaire échafaude une contrée où chacun de nous aimerait vivre.
Oscar Wilde n’a-t-il pas dit : « Une carte du monde qui ne comporte pas l’Utopie ne vaut même pas qu’on y jette un coup d’œil, car elle néglige le seul pays où aborde toujours l’humanité. Et, quand elle y aborde, elle regarde autour d’elle, aperçoit une meilleure contrée et fait alors voile. Le progrès est la réalisation des utopies. »
Alors moi aussi je me suis amusée à imaginer une contrée de rêve, MON pays utopique !
Et vous ? Avez-vous aussi, quelque part dans un coin de votre tête, une île imaginaire où vous aimez parfois vous réfugier ?